Quelques mots sur les Premières Nations

Je ne sais pas vous, mais en tant qu'européen on a parfois une vision un peu romantique de la découverte (et surtout la conquête) du Nouveau-Monde par Christophe Colomb et ses acolytes. Nous avons pu en apprendre un peu plus en ce qui concerne le Canada, et plus particulièrement le Québec, avec la venue de Marc Levasseur lors de sa venue lors de la Semaine 5 et de notre séjour à Wemotaci. C'est important de s'intéresser à l'histoire des peuples amérindiens (aussi appelés Premières Nations) pour comprendre leur situation actuelle au Québec.

La colonisation européenne

Illustration de Jacques Cartier en 1534
Illustration de Jacques Cartier en 1534

On considère que le premier européen à avoir pris pied au Québec est le français Jacques Cartier en 1534 (en réalité des vikings s'étaient déjà installés au Canada durant un temps aux alentours de l'an 1000). Malgré le fait que Jacques Cartier déclare le territoire "découvert" comme possession du roi de France, les rapports établis entre les européens et les autochtones sont plutôt bons dans un premier temps notamment grâce au commerce (d'abord la traite des fourrures puis ensuite l'industrie du bois). De manière générale, même si les français étaient ouverts aux peuples des Premières Nations (ils étaient nombreux à prendre une autochtone pour femme) leur intérêt premier était le commerce.

 

Rapidement les français ont découvert que les autochtones ne résistaient pas à certaines maladies "européennes" ce qui a provoqué, volontairement ou non, beaucoup de décès chez les amérindiens. Par la suite, avec la domination britannique à partir de 1760, la colonisation s'est intensifiée et les Premières Nations se sont vues progressivement retirer leurs terres pour qu'elles soient exploitées par les colons.

 

C'est toujours le cas aujourd'hui : les ressources présentes sur les territoires autochtones (eau, bois, minerais) sont massivement exploités sans que les amérindiens n'en bénéficient.

Les politiques d'assimilation

A partir de 1820, la volonté du gouvernement britannique est clairement d'assimiler les peuples autochtones pour qu'ils adoptent un mode de vie sédentaire et axé sur l'agriculture. Ils essayent donc de les convertir au christianisme et de les faire abandonner leurs modes de vie traditionnels (basés sur la chasse et la pêche notamment).

Cette politique est renforcée par la mise en place de la Loi sur l'Indien  en 1876 : elle donne au ministère des Affaires Indiennes la responsabilité des terres, des ressources et de l'argent des Indiens, du contrôle de l'accès aux substances intoxicantes et de la promotion de la « civilisation ». Cette loi avait donc pour objectif l'assimilation complète des Premières Nations dans la société Canadienne.

Par la suite, de nombreuses modifications de plus en plus restrictives ont été apportées à cette loi pour imposer des contrôles plus stricts sur la vie des peuples autochtones.

Les pensionnats autochtones

C'est à partir de 1820 que sont apparus les pensionnats autochtones. Ils sont l'une des applications concrète de la politique d'assimilation mise en place par le gouvernement. Les enfants étaient arrachés à leur famille et à leur communauté, et envoyé pendant 10 mois chaque année dans l'un des 132 pensionnats répartis dans le Canada. Ces pensionnats étaient pour la plupart dirigés par l'église en collaboration avec le gouvernement fédéral Canadien.

Le but de ces écoles étaient de forcer ces enfants à renoncer à leur langue, à leur tenue, à leur religion et à leur mode de vie traditionnel afin qu'ils se convertissent au christianisme et adoptent le mode de vie des canadiens.

 

La politique des pensionnats s'est poursuivie jusque tard puisque le dernier pensionnat a été fermé en 1996. De 1857 à 1996, plus de 150 000 enfants autochtones ont fréquenté les pensionnats.

Au delà de la séparation de leur famille et de la perte de leur identité, ces établissements ont laissé des cicatrices et traumatismes importants chez une grande partie des pensionnaires : solitude, discipline rigoureuse, sévices physiques, sexuels et psychologiques,...

Plus de 6000 enfants sont morts dans ces pensionnats. Souvent sans que quiconque ne soit avertis.

 

Une fois devenus adultes, ces enfants ont souvent reproduit ces comportements au sein de leur famille. Les générations suivantes souffrent donc également de cette politique des pensionnats et les conséquences sont encore présentes aujourd'hui.

Les Premières Nations aujourd'hui

Alors qu'on estime que 80% des québécois ont des origines amérindiennes, les peuples des Premières Nations sont souvent rejetés et dénigrés par la population. Qu'ils vivent dans une réserve ou dans une grande ville, leurs conditions sociales sont difficiles pour beaucoup :

  • Sous scolarisation
  • Alcoolisme et toxicomanie précoce
  • Pauvreté
  • Abus physiques et sexuels
  • Criminalisation
  • Placement important d'enfants
  • Recherche d'identité
  • Pression sociale négative

Une Commission Vérité et réconciliation a été constituée au Canada concernant les pensionnats autochtones. Cette commission s'est réunie durant 6 ans et a recueilli les déclarations de plus de 6750 survivants et témoins portant sur plus d'un siècle de mauvais traitements dans les pensionnats indiens.


Il y a 3 jour (mardi 2 juin) la commission a rendu son rapport final et publié ses conclusions : 94 recommandations y sont détaillées pour permettre de redresser le tort historique et pour permettre de faire progresser le processus de réconciliation. C'est une première étape, mais une étape majeure pour permettre aux peuples des Premières Nations de retrouver leur place dans la société Canadienne.

Retrouvez ici un article repris par Courrier International ces derniers jours sur le sujet :

Retrouvez ici une courte vidéo qui présente (en anglais) le rapport de la Commission vérité et réconciliation :

Canada's Cultural Genocide

Canada's official commission called the school program for its native people “cultural genocide.”Music Courtesy of A Tribe Called Red.

Posted by AJ+ on mercredi 3 juin 2015